Le Rolfing : travail en profondeur sur les fascias

Dès notre plus jeune âge, nous sommes tous confrontés, à divers degré, à des situations d’inconforts corporels comme des gênes localisées, des restrictions plus ou moins importantes dans les mouvements et parfois nous pouvons être confrontés à des situations où le corps réagit par la douleur, le manque de tonus voire l’impossibilité d’effectuer un mouvement particulier ou une manœuvre précise. Bien souvent, notre posture ou plutôt nos postures, jouent un rôle déterminant dans la survenue et dans l’entretient de ces désagréments. En libérant notre corps de ses restrictions et en apprenant des postures adaptées à notre morphologie nous pouvons améliorer très largement notre bien-être corporel, notre tonus et aussi notre plastique.

Une longue histoire avec la gravité

Nous nous souvenons tous des injonctions parentales ou grand-parentales plus ou moins bien intentionnées « tiens toi droit ! » , « redresse toi donc ! » « si jeune et déjà fatigué ! », « tu verras quand tu seras grand tu seras tout tordu ! ». Sans le savoir de manière parfaitement consciente, nos éducateurs réagissaient ainsi aux peurs qui les habitaient de nous voir effectivement nous retrouver « coincés » dans ces positions évoquant un laisser aller, une sorte de paresse à aller dans la vie avec l’énergie qui sied a cet âge.

Si la méthode de la répression ou du reproche est contestable, il n’en reste pas moins que l’idée de soigner sa posture est fondamentale lorsque l’on souhaite avoir un corps sain et donc un esprit sain ( je ne sais pas d’où me vient cette idée que corps et esprit son liés 🙂 ?). Néanmoins s’il suffit de penser à se redresser pour réajuster sa posture momentanément, dès que la pensée s’enfuit ailleurs, la belle posture s’éclipse aussi par la porte de derrière.

Ouf c’est pas commode cette histoire et puis pourquoi avoir une belle posture après tout ? Soyons kool laissons vivre les postures. Ben le problème c’est la gravité. La pesanteur quoi, notre poids pour faire simple. Vous savez cette force qui nous colle à notre bonne vieille terre, celle de la pomme de Newton. Elle est présente absolument partout, elle est très égalitaire et généreuse, tout le monde y a droit de la même manière, pas de jaloux pas de privilégié personne n’y échappe à part quelques astronautes.

Et nous les humains savants (homo sapiens) nous avons décidé il y quelques centaines de milliers d’années de nous insérer dans une lignée de primates qui a choisi de se tenir sur ses deux pattes arrières et ainsi d’opposer à la gravité une force opposée destinée à nous maintenir debout en position verticale. C’est un défi audacieux . Le prix à payer étant de maintenir chaque partie de notre corps en équilibre au plus près d’une ligne verticale passant par notre centre de gravité et de maintenir notre centre de gravité bien entre les supports que sont nos deux pieds, ni trop en avant ni trop en arrière ni trop à gauche ni trop à droite ! Rien que ça.

Si notre centre de gravité n’est pas bien situé entre les pieds, et bien on a une tour de Pise ou un humain qui rampe au sol. Vous voyez c’est assez simple finalement.

Pour bien comprendre, faites la petite expérience suivante. Si vous étiez au sol, relevez-vous, tenez vous debout, vertical, sans effort démesurés, on n’est pas à l’armée, vos deux pieds sont écartés de la largeur de votre bassin, pas plus, pas moins. Relâchez vos bras, détendez vos mâchoires, respirez tranquillement, vous pouvez fermer les yeux pour mieux sentir. Portez votre attention sur votre corps. Après quelques cycles respiratoires, décidez de vous balancer légèrement de l’avant vers l’arrière, juste quelques centimètres, sans bouger les pieds. Faites cela très lentement en gardant une attention soutenue à vos réactions musculaires

Vous remarquerez sans doute que pour tenir droit lorsque le corps est plutôt en avant, il vous faut utiliser des chaînes de muscles et plus vous êtes en avant plus les muscles se tendent pour compenser la force qui vous emmène en avant et qui finirait par vous faire basculer, vous avez deviné,c’est la gravité. Il y a un déséquilibre, avant /arrière, les muscles à l’arrière de vos jambes (pas seulement eux mais restons simple) se tendent pour maintenir le corps en position verticale et les muscles de l’avant des jambes sont complètement relâchés. Le même phénomène se reproduit lorsque la phase de votre balancement est plutôt vers l’arrière, mais se sont d’autres muscles qui ont déclenchés pour maintenir la position et tenter de la ramener vers l’équilibre. Justement, lorsque le balancement devient tout petit le corps tend vers une position ou les forces qui vous empêchaient de tomber ne sont pratiquement plus actives. C’est une position de repos et s’il y a vraiment peu d’effort à fournir pour la maintenir on peut dire qu’elle est équilibrée dans la gravité. Les tensions dans les muscles de l’avant et de l’arrière des jambes sont faibles et quasi équilibrées.

Dès que l’on s’écarte de la position d’équilibre il faut ‘lutter’ contre la gravité qui veut nous coller au sol et il y a un déséquilibre avant/arrière.

Pourquoi les postures sont importantes

Plus généralement, si une partie quelconque de notre corps vient rompre cet équilibre, alors des forces de compensation vont s’activer dans notre corps créant un déséquilibre des tensions. L’ensemble de ces tensions et du corps c’est la posture. Lorsque les tensions permettant de maintenir la position verticale stable sont permanentes et déséquilibrées, ces tensions vont finir par déformer les structures sur lesquelles elles s’appuient (os, tendons, ligaments), celles qu’elles traversent (comme des organes par exemple) et celles qui les engendrent (muscles, fascias). Apparaissent alors l’inconfort, la douleur et des dysfonctions ou des fonctions diminuées. Les muscles tendus en permanence perdent leur élasticité et donc leur fonction. Les articulations en contrainte permanente s’usent prématurément, et perdent de leur amplitude de mouvement. Les fascias (les tissus de soutient du corps) durcissent, s’accumulent dans les zones fragiles ou immobiles et le corps perd de sa plasticité.

Ok, je résume  : si les postures ne sont pas équilibrée dans la gravité il faut s’attendre à ce qu’il y ait du grabuge dans le corps.

Vous allez me dire : « Bon alors d’accord j’ai compris à partir de maintenant j’me tiens droit ! ». Ça ressemble à une bonne résolution çà. En fait c’est pas si simple parce que la plupart du temps nos postures déséquilibrées, on a mis longtemps à se les façonner, on se les est peaufinées, choyées et toute l’organisation de notre corps s’est constituée sa petite vie autour de ces déséquilibres. Parfois même pour ne toucher à rien on s’est abonné à un calmant, un anti-inflammatoire (même sous forme de tisane de grand-mère).

La vous allez me dire « Euréka ! j’ai compris, pour se redresser  il va falloir mettre en œuvre les forces (les muscles) qui vont compenser le déséquilibre créé et le tour est joué, je m’inscrit chez « Fatline » et dans deux mois je suis droit(e) comme un ‘I’ ».

Ben non, sinon les injonctions parentales et les bonnes résolutions marcheraient. Si on fait ça, on va se créer un deuxième problème , une surcompensation. En fait comme c’est une bonne résolution, heureusement, on en arrive rarement là parce que c’est très très fatiguant et en plus c’est pas la bonne solution.

« Ben alors on fait quoi ? » je vous entend dire.

Modeler ses postures pour aller mieux

Ben alors on va désamorcer la tension qui a créée le déséquilibre au départ, vous savez il y a vingt, trente, quarante ans… et puis on va montrer à l’organisme les nouvelles possibilités qui lui sont offertes pour trouver le confort et puis on va l’éduquer à recourir à ces nouvelles possibilités plutôt qu’aux anciennes habitudes. Cerise sur le gâteau, si on a bien fait ce travail, les inconforts qui s’étaient installés depuis plusieurs années vont s’amenuiser et éventuellement disparaître. On retrouve une tonicité juste et équilibrée, les mouvements qui étaient impossibles peuvent être réinventés, une sorte de tranquillité s’installe dans le corps. Les postures évoluent vers une forme, une plastique plus équilibrée souvent plus douce, plus fluide.

Une méthode pour faire ça s’appelle le Rolfing Intégration Structurale. À l’aide de manipulations douces et profondes des tissus mous on va libérer les muscles et les fascias des restrictions qui les maintiennent sous tension et bloquent leur mobilité. Ensuite en exploitant les nouveaux espaces créés on va proposer une éducation au mouvement rendu possible par la levée des restrictions. Le système nerveux enregistre ces nouvelles possibilités et peut maintenant les exploiter d’abord à la demande puis ensuite spontanément.

Les modalités du changement postural

De tels changements prennent du temps et impliquent un engagement important de la part de celui ou celle qui rentre dans le processus.
Il n’y a pas qu’un travail sur le physique, souvent nous nous identifions à nos postures et changer nos postures c’est changer d’identité ou du moins de l’identité que nous présentons aux autres. Cela aussi doit être pris en compte et respecté dans le processus.
Dans ma pratique je peux rencontrer des personnes qui ne peuvent pas faire un mouvement correspondant à une posture équilibrée simplement parce que la mémoire de ce mouvement n’a peut être jamais été présente dans le corps, il faut donc l’apprendre. Ça demande vraiment du courage. Mais moi je trouve que ça vaut le coup. Le Rolfing se pratique en séance d’environ 1H30 avec un praticien certifié en Rolfing.

Richard LOISEAU